Sexe fort

 

Il n’y a de vraie grandeur chez la femme que lorsqu’elle donne sans demander, devenant une flamme qui s’alimente toute seule, que si elle aime alors même que l’objet de son amour ne s’attache pas, ne s’abaisse pas, mais crée une distance : dans la mesure même où il est le Seigneur, au lieu d’être simplement l’époux ou l’amant. Or, il y avait beaucoup de cela dans la mentalité du harem : le dépassement de la jalousie, donc, chez la femme, le dépassement de l’égoïsme passionnel et de l’idée de possession. On lui demandait, en effet, de l’adolescence au déclin, le dévouement claustral et la fidélité à un homme qui pouvait être entouré d’autres femmes et qui pouvait les posséder toutes sans se « donner » à aucune. C’est précisément dans cette « inhumanité » qu’il y avait quelque chose d’ascétique et, sans aucun doute, de sacré. Dans cette apparente réduction au rang de chose brûle une vraie possession, un dépassement et aussi une libération : devant une fides si inconditionnée, l’homme, sous son aspect humain, n’est plus qu’un moyen, et pour la femme, des possibilités s’éveillent déjà en rapport avec ce qui n’est plus terrestre.

Paul Jamin : Le Brenn et sa part de butin (1893)

Julius Evola : Révolte contre le monde moderne


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