Il n’y a de vraie grandeur chez la femme que
lorsqu’elle donne sans demander, devenant une flamme qui s’alimente toute
seule, que si elle aime alors même que l’objet de son amour ne s’attache pas,
ne s’abaisse pas, mais crée une distance : dans la mesure même où il est
le Seigneur, au lieu d’être simplement l’époux ou l’amant. Or, il y avait
beaucoup de cela dans la mentalité du harem : le dépassement de la
jalousie, donc, chez la femme, le dépassement de l’égoïsme passionnel et de
l’idée de possession. On lui demandait, en effet, de l’adolescence au déclin,
le dévouement claustral et la fidélité à un homme qui pouvait être entouré
d’autres femmes et qui pouvait les posséder toutes sans se « donner »
à aucune. C’est précisément dans cette « inhumanité » qu’il y avait
quelque chose d’ascétique et, sans aucun doute, de sacré. Dans cette apparente
réduction au rang de chose brûle une vraie possession, un dépassement et aussi
une libération : devant une fides si inconditionnée, l’homme, sous
son aspect humain, n’est plus qu’un moyen, et pour la femme, des possibilités
s’éveillent déjà en rapport avec ce qui n’est plus terrestre.
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