Source : Révolte contre le monde moderne, par Julius Evola, éditions de L’Âge d’Homme, collection Bibliothèque L’Âge d’homme, relecture en cours.
Le Seigneur de ce lieu, qui, comme Glitnirbjorg, la
« montagne resplendissante », ou Himinbjorg, la « montagne
céleste », le très haut mont divin sur la cime duquel brille, par-delà les
nuées, une clarté éternelle, se rattache au symbolisme de la
« hauteur » et se confond souvent avec Asgard, la cité des Ases
située dans la « Terre du Milieu » (Midgard) — ce Seigneur, donc,
n’est autre qu’Odin-Wotan, le dieu nordique de la guerre et de la victoire, le
roi qui, dans une version du mythe, aurait montré aux héros, par son propre
sacrifice, la voie menant au séjour divin de la vie éternelle, où les héros
deviendront ses « fils. »
Pour les Nordiques, aucun sacrifice ou culte n’était
plus agréable au dieu suprême, plus riche de fruits surnaturels que celui
célébré par le héros qui meurt au combat : et « de la déclaration de
guerre à la victoire sanglante, l’élément religieux enveloppait les troupes
germaniques et transportait aussi l’individu. » Il y a plus : on
trouve dans ces traditions l’idée qu’avec la mort héroïque le guerrier passe du
plan de la guerre matérielle au plan d’un combat de nature universelle et
transcendante. Les forces des héros alimenteraient le Wildes Heer, la
troupe sauvage dont Odin est le chef, qui fait irruption depuis la cime du
Walhalla, avant d’y retourner et de s’y poser.
Mais dans les formes supérieures de cette tradition, la phalange des héros réunis pour Odin, sur les champs de bataille, par les Walkyries, phalange avec laquelle finit par se confondre le Wildes Heer, forme l’armée dont le dieu a besoin pour s’opposer au ragna-rökkr, au destin « d’obscurcissement du divin » qu’il faut comparer avec le kali-yuga ou « âge sombre » de la tradition hindoue qui plane sur le monde depuis les âges lointains. « Si grand que soit le nombre des héros rassemblés dans le Walhalla, ce sera peu lorsque viendra le Loup, est-il écrit dans le Gylfaginning de Snorri Sturluson. Le terme « ragna-rök » figure dans le Lokasenna, 39 et veut littéralement dire « obscurcissement des dieux. »
Plus courante est l’expression ragna-rök, qui a le sens d’un destin touchant à son terme. La conception nordique du Wildes Heer trouve, d’une certaine façon, son équivalent dans la conception iranienne de Mithra, le « guerrier sans sommeil » qui lutte à la tête des favashi, parties transcendantales de ses fidèles, contre les ennemis de la religion aryenne.
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