Point Godwin

Source : Révolte contre le monde moderne, par Julius Evola, éditions de L’Âge d’Homme, collection Bibliothèque L’Âge d’Homme, relecture en cours.

La notion confuse de la nuit claire du Nord, Nordlicht, sert de base à al conception de la terre des Hyperboréens comme un lieu de lumière sans fin, privé de ténèbres. Cette représentation et ce souvenir furent si forts qu’il en reste une trace jusque dans la romanité tardive.

La terre primordiale ayant été assimilée à la Grande-Bretagne, on prétendit que Constance Chlore se serait avancé jusque-là avec ses légions, moins pour y cueillir les lauriers de la gloire militaire que pour attendre la terre « plus proche du ciel et plus sacrée », pour pouvoir contempler le père des dieux, Cronos, et pour connaître, « un jour quasiment privé de nuit » voulant ainsi jouir par avance de la possession de la lumière éternelle propre aux apothéoses impériales. 

Et même quand l’âge d’or se projeta dans l’avenir comme espoir d’un nouveau saeculum, les réapparitions du symbole nordique ne manquèrent pas. C’est du Nord, ab extremis finibus plagae septemtrionalis, qu’il faudra attendre, par exemple, selon Lactance, le prince puissant qui rétablira la justice après la chute de Rome. C’est au Nord que renaîtra le héros tibétain Guésar, mystique et invincible, pour restaurer un règne de justice et exterminer les usurpateurs ; c’est à Shambala, la cité sacrée du Nord que naîtra le Kalki-Avâtara, celui qui mettra fin à l’âge sombre ; selon Virgile, c’est l’Apollon hyperboréen qui inaugurera un nouvel âge d’or et des héros sous le signe de Rome…

Nous indiquerons simplement que depuis que la région polaire est devenue déserte, on a pu constater l’altération et la disparition progressive de la tradition originelle, ce qui devait conduire jusqu’à l’âge de fer ou âge sombre, kali-yûga, ou encore âge du loup, et, à la limite, jusqu’aux temps modernes proprement dits.

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