Lorsqu’un cycle de civilisation touche à sa fin, le
principe peut signifier qu’il est difficile d’aboutir à un résultat quelconque
en résistant, en s’opposant directement aux forces en mouvement. Le courant est
trop fort, on serait englouti. L’essentiel est de ne pas se laisser
impressionner, par la toute-puissance et le triomphe apparent des forces de
l’époque. Privées de lien avec tout principe supérieur, ces forces ont, en
réalité, un champ d’action limité. Il ne faut donc pas s’hypnotiser sur le
présent, ni sur ce qui nous entoure, mais envisager aussi les conditions
susceptibles d’apparaître plus tard. La règle à suivre peut alors consister à
laisser libre cours aux forces et aux processus de l’époque, mais en demeurant
ferme et prêt à intervenir quand « le tigre, qui ne peut pas se jeter sur
celui qui le chevauche, sera fatigué de courir. » Interprété d’une façon
très particulière, le précepte chrétien de non-résistance au mal pourrait avoir
un sens analogue. On abandonne l’action directe et on se retire sur une ligne
de position plus intérieure.
Julius Evola : Chevaucher le Tigre
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