Le maintien du second voile ne signifie nullement, pour
Origène, le maintien d’un ésotérisme formel, d’un ordre de connaissances
réservées à quelques-uns, il signifie seulement le caractère imparfait de toute
connaissance, y compris la connaissance ésotérique, lorsque n’est pas atteint
le degré suprême de la gnose face à face (1 Co. XIII, 12) Pour l’immense
majorité des initiés, quel que soit leur rattachement traditionnel, les ultimes
mystères restent également voilés ; eux aussi demeurent de ce côté-ci du
voile ultime, eux aussi connaissent « dans un miroir » :
l’ésotérisme, pour eux non plus, n’a pas retiré le second voile : au
contraire, il le montre, il le fait voir, il révèle que tout est symbole et
prophétie et non lettre seulement, que tout est anagogie, ce que précisément
l’exotériste a tendance à ignorer. Guénon n’a-t-il d’ailleurs pas souligné, à
maintes reprises, que le terme de yogi ou de soufi, ne pouvait s’appliquer en
toute rigueur, qu’à celui qui est parvenu à la réalisation suprême. Le
déchirement du premier voile rend visible le second, ce qui signifie que
l’ésotérisme est désormais révélé comme tel à la multitude.
Jean Borella : Ésotérisme guénonien et mystère chrétien
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