L’incertitude sur la jouissance féminine est au cœur de
l’illusion sexuelle. La femme s’en arrange et peut se contenter de jouer au
lieu de jouir, d’autant que, dans l’ordre de la jouissance, le vrai et le faux
n’ont plus aucune définition. Tandis que l’homme est réel, ayant affaire à la
réalité de son érection et ne pouvant guère simuler cet effet — le désir, lui,
peut n’être que virtuel, mais l’érection est réelle — la femme est moins liée à
quelque réalité que ce soit, sinon à celle de son partenaire. Donc, plus proche
de l’illusion, du jeu et de la simulation. De ce que l’homme et la femme n’ont
pas le même statut de réalité, s’engendre et s’exacerbe certainement la
jouissance elle-même, mais de là vient aussi qu’il n’y a pas de rapport sexuel.
Jean Baudrillard : Cool Memories III
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