Surboum

 

Ill. : La Petite apocalypse de Tadeusz Konwicki. Source : L’Apocalypse, approche philosophique d’une pensée énigmatique par Baudouin Decharneux, préface de Didier Viviers.

Si l’on suit la définition la plus usuelle, on considérera les apocalypses comme « une littérature se présentant sous la forme d’une révélation, avec un cadre narratif, dans lequel une révélation est transmise par un être extra-mondain à un récepteur humain, dévoilant une réalité transcendantale qui est à la fois temporelle, dans la mesure où elle prévoit le salut eschatologique, et spatiale, dans la mesure où elle implique un autre monde, surnaturel.

Si cette définition peut faire l’objet de nombreux commentaires, les notions d’extra-mondanité et de surnaturel devant être définie clairement (dans certains textes les anges font partie intégrante du cosmos et sont parfois directement associés aux éléments) elle sert massivement de référence à la majorité des études récentes. La révélation au travers d’une double axialité, spatiale et temporelle, caractérisant donc le genre apocalyptique qui met directement en tension un visionnaire (ordre anthropologique), un herméneute (ordre cosmologique) et le divin (ordre transcendant) Le genre attesterait donc, comme nous l’avons déjà souligné, d’une forme d’épuisement prophétique, puisque le visionnaire est en quelque sorte « guidé » par un être intermédiaire qui répond pour lui à la question du sens. L’apocalypse se révélerait ainsi sur le plan philosophique de la nécessaire complémentarité sémantique, à savoir l’inclination de la raison (au sens large) à expliciter ce qui ne peut l’être…

On peut ainsi soutenir qu’une définition de l’apocalyptique ne peut faire l’économie de quatre idées clefs que l’on peut stratifier comme suit : 1. La révélation sous la forme de visions d’une vérité cachée dont certains signes étaient présents, mais échappaient au visionnaire. 2. Le décryptage de la vision par un tiers ayant un lien direct avec le divin, figure de l’ange. 3. La restitution de la mémoire des visions restées vivaces après la transe, adorcisme, de sorte que le visionnaire en témoigne sous la forme d’un récit inspiré. 4. L’eschatologie, donc le discours sur la finalité, constitue le fil rouge de la narration comme si un ordre caché, surdéterminé, allait être rétabli. D’un point de vue historico-sociologique, on peut également souscrire à la thèse de Christopher Rowland qui associait volontiers ce genre littéraire à des communautés qui, subissant un violent phénomène de rejet et d’exclusion, auraient cherché un sens à leurs existences et destinées en privilégiant une échappatoire « vers le haut », évitant du coup une probable implosion.

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