Avec le Supérieur inconnu de la franc-maçonnerie, la
présence diffuse, non identifiable du divin se transformait en théorie du
non-vérifiable, avant de sombrer dans celle du complot, aux temps du
« soupçon » contemporain. Les templiers, les jésuites furent tour à tour
identifiés, selon les besoins les uns des autres, aux « maîtres
inconnus » contrôlant et manipulant l’histoire. Au dix-neuvième siècle, un
groupe de maçons occultisants, William Woodman (1828-1891), William Westcott
(1848-1925), et Samuel Mathers (1845-1918), déclarèrent avoir retrouvé, glissée
à l’intérieur d’un manuscrit chiffré, l’adresse, en Allemagne, d’une
représentante de l’ancien ordre de la Rose-Croix et échangé une correspondance
avec elle. Anna Sprengel était demeurée en contact avec les supérieurs inconnus,
qui donnèrent leur accord à la création en Angleterre d’une branche de
l’association allemande : le Temple Isis Urania qui devint, en
1888, l’Ordre de la Golden Dawn. Mathers rédigea les rituels et structura les
différents cercles de l’organisation au fur et à mesure des révélations des
supérieurs inconnus ; mais l’intermédiaire ayant été opportunément
déclarée morte, il ne resta plus au rédacteur qu’à affirmer avoir rencontré
lui-même les supérieurs inconnus dans le bois de Boulogne, à Paris, où il résidait
alors. Ces péripéties apportèrent quelques troubles dans la vie de l’ordre.
Jean-Pierre Laurant : Le Regard ésotérique
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