Pyrotechnique

 

Ill. : Source : Entretiens spirituels et écrits métaphysiques par Jean-Marc Vivenza, éditions Le Mercure Dauphinois.

Julius Evola nous indique, ce qui est très précieux pour nous permettre de mieux comprendre les éléments de sa formation à cette période de son rapport au futurisme : « J’eus pour ami le peintre Giacomo Balla… »

Or, Giacomo Balla (1871-1958) dont la peinture est aujourd’hui pieusement conservée dans les plus grands musées internationaux d’art contemporain, présente l’originalité d’être, précision souvent totalement ignorée par les critiques, le personnage peut-être le plus directement impliqué dans une démarche traditionnelle au sein du mouvement futuriste puisque, en effet, il fut un adepte de l’Art-Royal, Alchimiste travaillant au creuset, il est d’ailleurs le signataire en 1915, du Manifeste Reconstruction fasciste de l’Univers, qui commence par ses paroles plus que lourdes de sens pour qui veut bien les comprendre : « Nous donnerons un squelette et une chair à l’invisible, à l’impalpable, à l’impondérable, à l’imperceptible. »

Balla, plus que tout autre, a ainsi contribué à l’élaboration d’un nouveau langage expressif en ce début du vingtième siècle, dès 1912. « Il s’approprie les schémas tabulaires de la Pyramide de Lambert, définissant les coefficients d’extinction des valeurs chromatiques fondamentales, pour peindre les Compénétrations iridescentes axées sur la juxtaposition sérielle de formes géométriques et de couleurs pures. » Ce sont des compositions abstraites où le symbolisme des signes de la géométrie, ainsi que « les gradations tonales traversant la mosaïque des couleurs, thématisent en fait la lumière en tant qu’énergie cosmique. »

Abandonnant un temps cette perspective, il poursuit alors son travail analytique en s’attachant à l’investigation perceptive : il descend dans la rue pour étudier le passage des automobiles lancées à toute vitesse. Balla cherche ainsi à rendre sur la toile des déplacements d’air, l’impression tourbillonnante du bruit, enfin la sensation éphémère d’un espace englouti par la pénétration d’un corps en mouvement. Sa peinture évolue très vite vers l’abolition de toute densité figurative en se rapprochant de l’expressionnisme des signes géométriques qu’il extrapole des dynamorphies de Mach. »

Dans son analyse du travail de Giacomo Balla, Pierre Barucco écrit : « Balla voulait en effet considérer des correspondances structurantes et magiques entre les formes mentales proches des archétypes platoniciens et ces formes naturelles. Les intersections des triangles de ses œuvres étaient de la sorte proposées et mesurées à partir du Principe hermétiste de l’intégration et de la conjonction mercurielle, selon l’idée harmonique de la loi d’amour universel et du mécanisme général d’attraction. »

En 1917, sur une commande de Serge de Diaghilev (1872-1929) Balla réalisera la scénographie de Feu d’artifices, qui se présentait comme « une figuration alchimique du feu comme force primordiale assurant une transformation de la matière. » De bas en haut, c’est-à-dire, de l’opacité à la transparence, la scène construite marquait l’avènement de la lumière comme énergie spirituelle libérée de la matière au même titre que la musique. » Giovanni Lista n’hésite pas à affirmer : « Balla apporte dès 1916 la contribution la plus rigoureuse à la poétique futuriste après le dynamisme plastique de Boccioni. C’est ainsi que la « psycho-peinture » de Rognomi, autant que l’abstraction dadaïste d’Evola, dit-il, seront parmi les multiples répercussions de sa recherche. »

Comment dont, ne pas imaginer qu’au contact de Giacomo Balla, Evola ne se trouva pas directement mis en relation avec des connaissances traditionnelles ? Il apparaît évident qu’une réelle influence de Balla dût s’exercer sur le jeune Evola…

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