Lors de la publication de Quatre ans de captivité à
Cochons-sur-Marne, Bloy placera en tête du volume une photographie le
représentant en compagnie de ces bêtes, qu’il accompagnera de cette adresse
reprise de l’épilogue de son pamphlet, Léon Bloy devant les Cochons :
« Je demande pardon aux pauvres cochons, à ceux-là qui marchent à quatre
pieds, qui sont innocents et qui sont beaux, qui sont bienfaisants, qui sont
chez les charcutiers et que déshonorent avec injustice le langage humain. Je
demande pardon à ces humbles frères de les avoir, par indigence d’imagination
ou pénurie de vocables, assimilés irrévérencieusement à une catégorie d’animaux
puants dont la plus savante industrie des viandes serait inhabile à utiliser le
moindre morceau. Pauvres chers cochons ! de qui les boudins et l’honnête
lard furent l’aliment de ma jeunesse, dont la tête me parut, à dix-huit ans, le
plus désirable des fromages, et qui me consolâtes si souvent par la succulence
de vos pieds grillés dans la chapelure. Ô cochons ! Si aimable quand on
vous fume : pélicans de l’adolescence littéraire, vous que les poètes ont
le devoir de chanter sous les lauriers dont ils vous dépouillent, je vous prie
de me pardonner.
Léon Bloy : Journal, I, 336
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