Morne humanité

 

Au nombre des signes et symptômes de Décadence se trouve la frénésie érotique. « Plus une décadence s’accentue, plus l’obsession sexuelle s’accuse » écrivait Péladan dans Les Maîtres contemporains. Aberrations et déviances diverses y sont dûment cataloguées. « La morne humanité s’amuse / Avec ses joujoux sexuels » (Naquet) Lesbos (Lorrain) où Saphus, masculin de Sapho se fait, de poète, « grand rôdeur de cuvette », même si c’est « avec art », Saphisme et Sodomie (Proteau), onanisme (« Charlots trop amusés » de Vicaire et Beauclair en référence au célèbre roman de Paul Bonnetain) mais aussi impuissance : toute la débauche romaine étendue cette fois à la Modernité. Issue de la sixième Satire de Juvénal, la femme romaine, sujet de trois poèmes — La Décadence romaine par Hector Fleischmann (1903), Décadence par Charles Dornier (1905) et Soir de Décadence par Camille Lemercier d’Erm (1909) — est l’instrument de la désagrégation et de la dévirilisation ; pour le vainqueur d’un triomphe ambigu « sans espoir » et « sans gloire » qui a tout donné pour le sourire d’une courtisane : pour le Gladiateur blessé à mort par amour de la patricienne : pour l’esclave nègre instrument des luxures d’une Messaline.

Jean de Palacio : Décadence, le mot et la chose

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