Ill. : Source : Entretiens spirituels et écrits métaphysiques par Jean-Marc Vivenza, éditions Le Mercure Dauphinois.
Il faut néanmoins considérer que la grande majorité des
maçons en ces années sont, le plus souvent, des oisifs fortunés, nobles ou
grands bourgeois, qui trompent leur ennui par des occupations ayant une
coloration « mystérieuse » où l’on cultive le goût du secret dans des
sortes de projections ritualisées des activités mondaines qui se déroulaient
dans les divers salons du royaume. On entendait d’ailleurs, dans ces petits
cénacles, des discours enlevés, teintés d’un certain occultisme ou Illuminisme
bien dans l’esprit du temps, sur la nécessité de tolérance, les bienfaits de la
justice sociale ou l’égalité de nature entre tous les hommes. Il faut cependant
en convenir, on était là surtout pour s’adonner à des festivités diverses, dont
l’une favorite, outre le jeu fort prisé, était l’art des
« banquets. »
Même si le jeune de Maistre fut nommé très rapidement « Grand Orateur » de sa loge, et en sa qualité rédige un Mémoire à l’adresse de la Grande Loge de Londres, destiné à protester contre les « empêchements » de la Grande Loge anglaise de Turin, en réalité, il s’ennuie profondément et son attente spirituelle est déçue. Il qualifiera cette loge en la désignant, comme de Maistre peut désigner, c’est-à-dire avec une plume toujours relativement aiguisée, de « Société de plaisir », ce qui est suffisamment dire pour mettre en lumière la nature des travaux qui y avaient cours et auxquels on prêtait de l’attention.
Ainsi, en 1778, s’éloignant de la maçonnerie anglaise, Joseph de Maistre, accompagné de seize frères des « Trois Mortiers » décident de se séparer de leur atelier afin de rejoindre la maçonnerie écossaise en fondant à Chambéry une loge précisément de Rite écossais sous le nom de la « Sincérité. »
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