Nerval a été frappé de bonne heure par l’œuvre de
Klinger. C’est Monselet qui rapporte l’anecdote : « Fouillant une
fois dans mon humble bibliothèque, Gérard poussa un cri de joie. Il venait de
s’emparer d’un livre intitulé Les Aventures du Docteur Faust et sa descente aux
Enfers, traduction de l’allemand avec figures. Il y avait plus de trente
ans que Gérard de Nerval cherchait ce livre ; c’était pour lui un désir
d’enfance. La première fois qu’il l’avait vu, c’était sur les rayons en plein
air d’un étalagiste du boulevard Beaumarchais, les figures l’avaient attiré par
leur étrangeté : l’une d’elles représentait un Léviathan énorme, les
cheveux chassés par le vent, les yeux et la bouche vomissant des flammes,
habillé du reste comme un bourgeois, c’est-à-dire en justaucorps et en culotte
courte, chaussé de gros souliers. Ce Léviathan tenait du bout des doigts, entre
l’index et le pouce, la dépouille humaine de Faust, ployé en deux, mort. »
Le bouquiniste avait demandé un prix exorbitant et, redoutant la convoitise de
l’écolier, enfermé le livre dans une vitrine. Quand Nerval, après avoir fait
des économies, était revenu avec la somme nécessaire, vitrine et marchand avait
disparu.
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