« Sourire spermatique »

La prédestination de la femme décadente à n’aimer que sur « des lits trempés de pus fétides, combugés d’humidité visqueuses », à faire pénétrer l’homme « aux détours d’un jardin vénéneux, fleuri de calices égouttant un sang fétide », à s’attester semblable « à des polypes et des actinies aux formes charnues et spongieuses, aux caroncules crêtées et turgides », reprend, en les intensifiant toutes les étapes de la métamorphose du vampire. La transmutation du sang en pus y aggrave la thématique de la blessure. La femme de la décadence porte comme une lésion ou une vulnération une bouche gorgée de sang qu’elle ne demande qu’à dégorger, une bouche qui saigne comme une plaie. Ainsi, la « bestiale créature » que suit Talamouche dans Combats de Paul Adam, au sortir du théâtre, « balafrée de sa large bouche saignante qui riait » ou ces femmes aperçues au balcon des concerts Colonne, portant « comme une plaie vive ouverte en pleine chair la tache écarlate des lèvres archi-peintes » ou ces prostituées du Ryddick marquées de vifs vermillons qui, entre les fards des joues, illuminaient comme de rouges blessures la béure des lèvres. » Toutes sont blessées de haut en bas du corps, de la bouche à la vulve, la première préfigurant le contour de la seconde.

Jean de Palacio : Figures et formes de la décadence


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