Source : Russie-Europe, la fin du schisme (1993), études littéraires et politiques par Georges Nivat, éditions de L’Âge d’homme, collection Slavica
En 1973, Soljenitsyne avait publié sa Lettre aux
dirigeants de l’U.R.S.S., aujourd’hui, plus un seul dirigeant ne tient dans
sa main tous les destins russes, et Soljenitsyne d’adresse à ses frères,
c’est-à-dire à tous les enfants de la Rouss, de la grande Kiévie du Moyen Âge,
qui a donné naissance à ces trois famille sœurs : la Grande Russie, la
Petite Russie, ou Ukraine et la Blanche Russie, ou Biélorussie. Soljenitsyne
s’est heurté en Amérique du Nord au nationalisme ukrainien, mais il espère que
les sentiments fraternels l’emporteront.
Il les argumente : tant de familles mixtes, tant
de liens insécables, mais il implore aussi : « Frères, nous n’avons
pas besoin de ce cruel partage. C’est un obscurcissement de l’esprit dû aux
années communistes. Ensemble nous avons traversé les souffrances du temps
soviétiques. Ensemble nous avons chu dans cette fosse. Ensemble, nous nous
hisserons dehors. » Quiconque connaît un peu le problème de l’Ukraine sait
combien en effet il sera difficile de séparer Kiev de la Russie. Le
nationalisme vient surtout de la partie occidentale. Pour l’avoir dit, Soljenitsyne
se fait malmener par le nationalisme ukrainien.
Pourtant, il ajoute : « Bien sûr, si le peuple ukrainien souhaitait vraiment se séparer, personne n’oserait l’en empêcher par la force. » Soljenitsyne dit ce qu’aucun dirigeant politique n’a encore dit : la Russie doit se séparer de son empire et même être prête à perdre l’Ukraine.
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