Antinomiste Superstar

 

L’Apocalypse de notre temps comporte de surprenantes pages sur l’âme-sexe qui, comme le papillon, lequel est l’âme de la chenille, se dépose dans d’immenses fleurs-sexes. Un rêve égyptien grandit toute sa vie en lui. Les cultes anciens égyptiens, tous orientés vers la survie, lui semblent répéter le cycle chenille, papillon. La momie est chenille, l’homme est chenille. « La découverte la plus importante, oui, la plus importante des Égyptiens, a été la vie future à l’image des insectes. » Un autre paradoxe constant de Rozanov a été son amour-haine des Juifs. Les Juifs qui ne reconnaissent que le Père, et qui, par la circoncision, marquent la suprématie du sexe, qui ont su trouver les plus merveilleuses prières : chants de David ou de la Sulamite et qui ont célébré à l’envi l’amour terrestre sont l’objet d’une admiration vindicative, jalouse, pathologique. Le « bégaiement » de Moïse prouve leur refus de l’éloquence, leur familiarité avec Dieu. En enfilant leurs pantoufles, les Juifs se sont « trompés de pieds » ; ils marchent ridiculement dans l’histoire, mais ils marchent bien au chaud… « Je choisis le youpin » déclare cabotinement Rozanov, ce qui ne l’empêche pas d’être obnubilé par la supériorité juive. Encore aujourd’hui, certaines pages d’Esseulement où Rozanov dit son admiration pour les rites « sexuels » juifs sont scandaleuses. Le livre fut d’ailleurs interdit pour « pornographie. »

Georges Nivat : Dans l’haleine de la mort, Rozanov et Andreïev

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