Le pouvoir
communiste se distingue des régimes fascistes auxquels on le compare souvent.
Ces régimes, quoique totalitaires, ne sont en effet pas assez totalisants. Le
discours fasciste reste sophistique parce qu’il prétend explicitement faire
valoir l’intérêt d’une race donnée ou d’un État donné contre d’autres races ou
États. Le discours communiste, celui du matérialisme dialectique,
dialecto-marxiste, n’a en revanche d’autre objet que la totalité. Cela ne
signifie certainement pas qu’il n’a pas d’ennemis, mais il ne se laisse pas
ôter le pouvoir souverain de les définir lui-même. Il ne connaît aucun rapport
ami-ennemi qui lui soit préexistant et qui le caractérise. Même lorsque le
mouvement communiste prétend défendre les intérêts de la classe ouvrière contre
la classe bourgeoise, la division de la société en classes définies, que
sous-tend cette prétention, est un produit de la théorie marxiste. La direction
communiste s’est par conséquent toujours réservé le droit de décider elle-même
qui appartient au prolétariat ou à la bourgeoisie, mais aussi quand et comment
cela doit être fait. Être total, cela signifie ne pas avoir d’ennemis, hormis
ceux que l’on s’est faits par sa propre volonté et en toute conscience.
Boris Groys : Le Post-scriptum communiste
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