Das Nichts nichtet

 

Stefan Zweig raconte que Staline sursautait et se mettait en colère lorsqu’il entendait le mot de destin. — Toi qui fréquentes les vieux textes hébreux, me dit-il, rappelle-toi ce passage : « Adam connut le jour de sa mort et entonna un chant de triomphe. » La citation était exacte, mais ce soir-là, quand je l’abandonnai à ses fièvres, je ne pus m’empêcher de penser à cet autre passage pathétique de la Kabbale où un sage nous est montré, la nuit, dans sa chambre, en train d’étudier les livres de la Loi, et dont il nous est dit qu’il soutient ainsi le monde par sa pensée. Lorsque toute la Loi sera comprise, le monde ne sera plus soutenu et il reviendra au néant.

Raymond Abellio : Visages immobiles

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