L’éclair est de la liberté s’introduisant dans la
nature, qui est le contraire de la liberté, mais la liberté qui est esprit ne
peut être « saisie » par la nature ; celle-ci est impuissante à
fixer ce rayon de la volonté ; lorsqu’elle essaie de s’en emparer, l’éclair
calcine et détruit le corps de la nature et apparaît en elle comme
destructeur ; c’est pourquoi il ne dure qu’un instant. Or, sous le choc de
cette liberté spirituelle, le tourbillon, incapable de s’en saisir, s’arrête et
s’ouvre en formant une croix. Ce voyant, l’éclair éprouve une joie
inattendue ; il éprouve lui-même une transformation intérieure et devient
une lumière douce et blanche, et c’est ainsi que de la flamme du feu, jaillit
la lumière de l’amour divin. Cela semble tout à fait abstrus ; au fond,
rien n’est plus simple, ni plus naïf. Prenez une pierre et frappez-la, il en
jaillira des étincelles, avec lesquelles vous pourrez allumer le feu qui vous
éclairera pour dissiper les ténèbres. Voilà le raisonnement de Boehme.
Alexandre Koyré : La Philosophie de Jacob Boehme
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