« Je ne pense pas qu’une croyance authentiquement
chrétienne puisse avoir une autre vision de l’histoire que celle du Katéchon.
La croyance selon laquelle un retardateur retient la fin du monde offre la
seule passerelle qui relie la paralysie eschatologique de toute action humaine
à une puissance historique imposante telle que celle de l’Empire chrétien des
rois germains » écrit Carl Schmitt dans Le Nomos de la Terre. Carl Schmitt
pense eschatologiquement, mais d’en haut, à partir des pouvoirs ; moi, je
pense d’en bas, mais nous partageons tous les deux l’expérience du temps et de
l’histoire comme délai, comme dernier délai. Le Katéchon auquel Schmitt
se réfère est déjà un premier signe, indiquant que l’expérience chrétienne de
la fin des temps, « Endzeit », a été maîtrisée et accommodée
au monde et à ses pouvoirs, mais
l’histoire vécue comme délai peut être interprétée diversement, elle peut
perdre de son acuité, elle peut s’épuiser, mais ce n’est que grâce à une
expérience de la fin de l’histoire que l’histoire est devenue cette voie à sens
unique, ainsi que se présente l’histoire occidentale, à nos yeux du moins.
Jacob Taubes : Carl Schmitt, un penseur apocalyptique de la contre-révolution
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