« Tu dois admettre qu'il est possible que dieu ne t'aime pas du tout… »

 

Ill. : God Hates Us All par Slayer. Texte : Vivre la fin des temps par Slavoj Žižek, éditions Flammarion, collection Bibliothèque des savoirs.

Récemment, au Royaume-Uni, un groupe d’athées a exhibé des affiches portant le message suivant : « Puisqu’il n’y a pas de dieu, ne vous en faites pas et profitez de la vie. » En réaction les représentants de l’Église orthodoxe russe ont lancé une contre-campagne : « Puisqu’il y a un Dieu, ne vous en faites pas et profitez de la vie. » L’intéressant est de noter que les deux propositions paraissent convaincantes l’une comme l’autre : s’il n’y a pas de dieu, nous sommes libres d’agir comme bon nous semble et profitons donc de la vie : s’il y a un dieu, il s’occupera des choses dans son omnipotence bienveillante, dès lors ne nous en faisons pas et profitons de la vie.

Cette complémentarité démontre qu’il y a un élément qui cloche dans les deux énoncés ; ils partagent le même postulat secret : « Nous pouvons agir comme s’il n’y avait pas de dieu et être heureux car nous pouvons compter sur le Bon Dieu, ou le destin, ou sur autre chose… pour nous protéger ! L’évidente contre-proposition aux deux énoncés et à leur postulat sous-jacent se présente ainsi : « Qu’il y ait un Dieu ou pas, la vie ne vaut rien, de sorte qu’on ne peut pas vraiment en profiter. »

C’est pourquoi il nous est facile de concevoir les propositions alternatives, et non pas moins convaincantes, que voici : « Étant donné qu’il n’y a pas de dieu, tout dépend de nous et nous devrions nous en faire tout le temps » et « Puisqu’il y a un dieu qui observe sans cesse nos actions, nous devrions être anxieux et nous en faire continuellement. »

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