Pour écrire un commentaire « fondé sur les
histoires », Bossuet s’appuie sur un double fondement : le
développement de la théorie catholique bellarmienne d’une part, l’érudition
historique d’autre part, surtout dans le champ des premiers siècles chrétiens.
« Il est très possible de trouver un sens très
suivi et très littéral de l’Apocalypse parfaitement accompli dans le sac de
Rome sous Alaric sans préjudice de tout autre sens qu’on trouvera devoir
s’accomplir à la fin des siècles. »
« Rechercher les histoires et développer les
antiquités » : l’hommage au père Possines et à Gregorio Lopez,
« une des merveilles de nos jours » ne dissimule pas la profonde
érudition de Bossuet lui-même, qui propose souvent des principes de
discernement fort utiles.
C’est avec Bossuet que se conclut dans ce siècle le
parcours de l’exégèse catholique, avec le recours à la critique et à
l’histoire. Et cependant, l’interprétation prophétique ne disparaît pas pour
autant dans le domaine protestant et, de façon marginale, dans le domaine
catholique, courant suspect et interdit, toujours persécuté, jamais écrasé.
Jean-Robert Armogathe : L’Antéchrist à l’âge classique
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