Sauvageon

 

C’est surtout du côté masculin que l’on va trouver la figure du transgresseur, du héros tragique, et le héros tragique par excellence, ce va être l’adolescent, l’éphèbe, et cela dans la mesure où l’adolescence, peut-on dire, dans la vie personnelle de tout un chacun représente un moment ambigu, une sorte d’entre deux Lois : l’enfant vit dans la famille, l’homme mûr appartient à l’État ; dans l’adolescence, il y a une suspension de la culture. On n’est plus dans la famille, et on n’est pas encore dans l’État ; du coup, la nature fait valoir provisoirement ses droits. L’enfant est un être artificiel comme l’a montré Sartre dans Les Mots, un comédien pour rien, alors que l’homme adulte est un comédien qui joue un rôle social. L’adolescent, lu, a cessé de jouer sa comédie familiale, mais n’est pas encore entré dans la comédie politique, donc, il échappe aux deux ordres de la culture et c’est en lui que va s’observer un surgissement ou un resurgissement du naturel. C’est quelqu’un qui va être livré à la violence, à la sauvagerie de l’impulsion naturelle. Un sauvageon, comme disait Chevènement.

Jean-François Marquet

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