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Deux textes chrétiens encadrent tout regard sur le miroir et posent son ambivalence. Le premier est le verset où saint Paul explique que la connaissance que l’homme a de Dieu ici-bas est « semblable à une image obscure réfléchie par un miroir », « per speculum in aenigmate », miroir qui ne donne de la Vérité qu’une image ou une représentation voilée (I Corinthiens, XIII, 12) Et le second est le verset où saint Jacques compare l’homme qui ne met pas en pratique la parole de Dieu à celui qui « se regarde dans un miroir, se voit tel qu’il est, et après s’être regardé, s’en va aussitôt, en oubliant comment il est. » La connaissance tamisée, indirecte, du miroir paulinien désigne le passage de la vue imparfaite à la vision face à face et figure le modèle de toute connaissance analogique, tandis que le miroir de Jacques rappelle à l’homme son inconstance, sa fragilité, sa folie. Le regard de saint Paul traverse le miroir pour y voir autre chose, tandis que l’homme, selon saint Jacques, s’arrête à son image et, omettant sa ressemblance, se perd de vue lui-même.

Ill. : Thaisuke Mohri

Sabine Melchior-Bonnet : Histoire du miroir

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