Ô saisons, Ô châteaux...

 

Si la répétition nous rend malades, c’est elle aussi qui nous guérit ; si elle nous enchaîne et nous détruit, c’est elle encore qui nous libère, témoignant dans les deux cas de sa puissance « démoniaque. »

Les rôles eux-mêmes sont par nature érotiques, mais l’épreuve des rôles fait appel à ce plus haut principe, à ce juge le plus profond qui est l’instinct de mort… C’est en ce sens que la répétition constitue par elle-même le jeu sélectif de notre maladie et de notre santé, de notre perte et de notre salut. Comment peut-on rapporter ce jeu à l’instinct de mort ? Sans doute en un sens voisin de celui où Miller dit, dans son livre admirable sur Rimbaud : « Je compris que j’étais libre, que la mort, dont j’avais fait l’expérience, m’avait libéré. »

Il apparaît que l’idée d’un instinct de mort doit être comprise en fonction de trois exigences paradoxales complémentaires : donner à la répétition un principe originel positif, mais aussi une puissance autonome de déguisement, enfin un sens immanent où la terreur se mêle étroitement au mouvement de la sélection et de la liberté.

Gilles Deleuze : Différence et répétition

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