Je me souviens d’un dessin où l’on voyait un ramoneur
qui tombait du toit d’un immeuble, remarquer en passant une faute d’orthographe
sur une enseigne et se demander, tout en poursuivant sa chute, pourquoi
personne n’avait songé à la corriger. En un sens, nous faisons tous le même
plongeon mortel, du haut de l’étage supérieur de notre naissance jusqu’aux
dalles plates du cimetière, et en compagnie d’une immortelle Alice, nous nous
étonnons de ce que nous voyons défiler sur les murs. Cette capacité de
s’étonner en dépit du péril devant des notes en bas de pages du livre de la vie
constitue la forme la plus haute de la conscience.
Vladimir Nabokov : Littératures
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