« L’opération présente l’aspect du mouvement d’un
cercle qui, librement et dans le vide, se meut soi-même en soi-même, qui, sans
rencontrer d’obstacle, tantôt s’agrandit, tantôt se restreint, et qui, parfaitement
satisfait, joue seulement en soi-même avec soi-même. » Mallarmé, grand
lecteur de Hegel, comparera, de façon plus ou moins irrévérencieuse, ces
cercles logiques aux ronds de fumée qui se produisent lorsqu’on fume un cigare.
Mallarmé retrouvera dans l’expérience du cigare tout le système hégélien. La
cendre qui tombe, c’est le réel, la nature ; entre la cendre qui est la
nature et les ronds de fumée qui sont la logique, il y a au centre, ce que
Mallarmé appelle « le clair baiser de feu », l’extrémité
incandescente du cigare qui correspond à l’esprit, l’esprit étant justement ce
qui opère la médiation entre sens et existence, entre cercles de fumée et
cendres.
Jean-François Marquet
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