Tare t’Hegel à la récré

 

Ill. : Hegel, c’est violent. Source : Leçons sur la Phénoménologie de l’esprit de Hegel par Jean-François Marquet, éditions Ellipses, collection L’Université philosophique, les cours de philosophie, dirigée par Jean-Pierre Zarrader.

Il y a donc, chez Hegel, un caractère négatif du désir, par opposition à ce que l’on trouve chez un philosophe comme Spinoza, pour qui le désir est l’écho en nous de la puissance infinie par laquelle Dieu, ou la Nature, s’affirme. Chez Hegel, au contraire, le désir est quelque chose de foncièrement destructeur, négatif, ce qui, en fait, est fondé, d’une certaine façon, dans la tradition et même comme un langage.

Faisons un peu d’étymologie : « désir » se dit en latin « desiderium » qui vient de « sidus », étoile, astre, ; autrement dit, la traduction la plus exacte du mot latin serait « désastre », le désir est désastreux, il consiste à opérer une chute, une catastrophe à partir de ce plan qui est celui de l’astre, donc, celui de la considération : « considérer » quelqu’un, c’est le regarder, exactement comme on regarde les astres, à distance et avec respect.

Donc, on considère que ce que l’on respecte et on respecte ce que l’on considère. Inversement, le désir, lui, ne se borne pas à considérer ce qui le sidère, mais, pour échapper à cette sidération déstabilisante, il le détruit, il le profane, il le consomme.

Dans le désir sexuel, cette consommation est pour ainsi dire réciproque : je t’assimile et tu m’assimiles ; si bien qu’à la fin, rien n’est changé, toi et moi, restons face à face. Cette problématique du désir est à l’opposé de la problématique du don, totalement désintéressé que l’on trouve dans l’amour véritable. C’est déjà ce que disait Platon, à la fin du Banquet : on peut avoir affaire, parfois, à un type d’amour à ce point sidérant que nul désir inconsidéré ne peut le déconsidérer et c’est ce qui fait sa grandeur.

Chez Hegel, le désir va être négatif, mais avec une bonne conscience.

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