« Schiqqoutzim meschômem »

 

Source : Enquête sur l’Apocalypse, l’auteur, la date, le sens par Claude Tresmontant, éditions François-Xavier de Guibert, relecture en cours.

1 Macchabées 1, 54 : Et le quinzième jour de kislev [le neuvième mois = décembre] en l'année cent quarante-cinq [= 167 avant notre ère], il a fait construire [le roi Antiochus] l'abomination effroyable, « schiqqoutzim meschômem », du grec « bdelugma erèmôseôs. »

Daniel 9, 27 : « schiqqoutzim meschômem », grec « bdelugma ton erèmô-seôn. »

Le substantif hébreu « schiqqoutz », pluriel « schiqqoutzim », est formé à partir du verbe « schaqatz », exécrer, abhorrer, rendre abominable.

Le « schiqqoutz », c'est l'horreur, l'abomination, l'exécration, le dégoût ; ce qui provoque l'horreur et l'abomination. Le verbe hébreu « schamam », kal parfait « schamemah », signifie : être pétrifié d'horreur en présence d'une terre dévastée, Lévitique 26, 32. Être dévasté et provoquer la stupeur, Genèse 47, 19. Être dévasté, en parlant d'un pays, Jérémie 12, 11. La forme ici utilisée, « meschômem », est un participe : dévastant, qui cause la dévastation. Il s'agit de l'autel construit par Antiochus Épiphane pour le Zeus Olympios.

« Schiqqoutzim meschômem » est probablement un jeu de mots et une plaisanterie portant sur le baal « schamaïm », le maître des cieux, divinité des Syriens. Le mot baal est remplacé par « bôschet », la honte, Jérémie 3, 24.

Le substantif hébreu « schemamah », formé à partir du verbe hébreu « schamam », signifie « la dévastation ». Ce genre de jeu de mots et de plaisanteries était parfaitement compréhensible dans ce milieu ethnique et dans ce temps-là, surtout dans les milieux populaires.

Matthieu 24, 15 : Lorsque donc vous verrez l'abomination effroyable, « ha-schiqqoutz meschômem », traduction grecque, « to bdelugma tes erèmôseôs », qui a été dite par la bouche de Daniel le prophète, installée debout dans le Lieu saint — celui qui lit, qu'il soit intelligent —, alors ceux qui sont en Judée, qu'ils fuient vers les montagnes ; celui qui [est] sur la terrasse, qu'il ne descende pas pour prendre ce qui [est] dans sa maison...

Marc 13, 14: Et lorsque vous verrez l'abomination effroyable (« ha-schiqqoutz meschômem ») mis debout là où il ne doit pas être, — celui qui lit, qu'il soit intelligent —, alors ceux qui [sont] en Judée, qu'ils fuient vers les montagnes.

1 Maccabées 1, 55 : Et aux portes des maisons et sur les places publiques, ils brûlaient et faisaient fumer de l'encens. Les rouleaux de la Torah, ceux qu'ils trouvaient, ils les brûlaient dans le feu, après les avoir déchirés. Et là où l'on trouvait chez quelqu'un un rouleau de l'Alliance (hébreu « sepher ha-berit ») et si quelqu'un prenait son plaisir dans la Torah, alors le décret du roi le condamnait à mort... Et les femmes qui avaient fait circoncire leurs garçons, elles étaient mises à mort conformément à (grec « kata » ; hébreu « al pi ») l'ordonnance du roi. Et ils pendaient les bébés à leurs cous...

1 Maccabées 2, 1 : Et dans ces jours-là il s'est levé, Mattit-iah [don Évangile YHWH], fils de Iohanan, fils de Schimeôn, kôhen des fils de Iehôiarib (1 Chroniques 9, 10 ; 24, 7 ; Néhémie 11, 10 ; 12, 6 ; 12, 19), venu de Jérusalem...

Et à lui [étaient] cinq fils (l'hébreu n'a pas le verbe avoir) : Iohanan, ou Iehohanan [YHWH a accordé sa grâce]..., Schimeôn..., Iehoudah [celui qui est appelé Maqqabaï] (transcription en caractères grecs : Makkabaios) Éléazar..., et Iehonathan [YHWH a donné]... Et il a vu les insultes [contre Dieu] qui se faisaient en Iehoudah et à Jérusalem et il a dit : « Hoï, hoï à moi ! Pourquoi donc suis-je né pour voir la ruine de mon peuple et la ruine de la Ville sainte ? »

L'auteur inconnu du premier livre des Maccabées écrit aux alentours de l'année 100 avant notre ère. Il rapporte en historien ce qui s'est passé entre 175 et 135 avant notre ère. Il dit ce qu'il sait, clairement et ouvertement. L'auteur inconnu du livre de Daniel composé avant 164 avant notre ère fait allusion aux mêmes événements, mais en langage chiffré et symbolique — compréhensible pour ses frères — parce qu'il écrit en pleine persécution, en pleine terreur.

Joseph surnommé Flavius va raconter tout ce qu'il sait des prodromes de la guerre entre Romains et Judéens, après la destruction de Jérusalem, année 70. Il s'exprime clairement et nettement.

Iohanan de l'Apocalypse fait allusion à plusieurs événements dont parlera Joseph, mais d'une manière chiffrée et symbolique — compréhensible pour ses frères — parce qu'il écrit en pleine persécution et en pleine terreur, autour de l'année 50 de notre ère.

Pour comprendre quelque chose à l'Apocalypse de Iohanan, il faut lire et étudier, et si possible déchiffrer, le livre de Daniel. Pour comprendre quelque chose au livre de Daniel, il faut lire le premier livre des Maccabées.

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