Au fond, ce que nous rencontrons ici, c’est la
problématique de ce qu’on a appelé au dix-septième siècle le « pur
amour » et qui occupera aussi bien Fénelon que Leibniz, à partir des
ouvrages de madame Guyon : il s’agissait du problème de savoir si l’on
peut aimer Dieu non pas à cause du bien qu’il me fait, mais si on peut aimer
Dieu quand il me fait du mal, quand il me tue et la mort que Dieu peut me
donner c’est de m’envoyer en enfer. C’est déjà ce que disait sainte Thérèse
d’Avila : « Même si Dieu m’envoyait en enfer, je continuerais à
L’aimer. » Il est difficile de pousser plus loin un amour qui se passe de
toute satisfaction et qui aime l’autre
d’autant plus qu’il le fait souffrir. Du même coup, l’amour auquel on a affaire
est un amour surnaturel, puisqu’il ne se fonde sur aucune satisfaction
naturelle, puisqu’il n’est que la contrepartie d’aucun bienfait. Ce pur amour
apparaît, dans la perspective de Leibniz ou dans la perspective de Fénelon,
comme le seul amour qui puisse intéresser Dieu. On est au niveau d’une relation
où le surnaturel s’affirme de façon tout à fait nette.
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