C’est sur ce point en effet que Hegel introduit une
différence fondamentale entre ce qu’est l’homme, l’humanité, et d’autre part,
n’importe quelle autre espèce. L’animal est toujours inadéquat à son
concept ; il présente une réalité qui n’épuise pas, tant s’en faut, le
concept de l’espèce à laquelle il appartient, et ceci provient du fait que
l’animal est sexué : l’éléphant en soi n’est ni mâle ni femelle, mais
l’éléphant réel est soit l’un, soit l’autre.
Il y a donc invariablement inadéquation de l’individu à
son concept, à son espèce ; le sexe est ce qui sectionne l’individu
singulier par rapport à l’universel, par rapport à l’essence qu’il est censé
exprimer. C’est cette inadéquation qui condamne tout être vivant à la mort, qui
n’est rien d’autre que le reconnaissance par l’individu qu’il n’est pas à la
hauteur du concept, qu’il est vaincu du dehors par l’espèce et cela de façon
irrémédiable.
Il y a bien un moment où se reconstitue, semble-t-il,
l’unité de l’espèce, c’est dans la sexualité, mais ce qui sort de cette union
provisoire, est toujours un individu sexué, particularisé : entre le
singulier et l’universel, il y a le particulier, qui ne se laisse en aucune
façon maîtriser.
Jean-François Marquet : Leçons sur la Phénoménologie de l’esprit de Hegel
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