Malheur de prophète

 

Une remarque, dans cette lettre, m’a cependant horrifié. Elle indique que tu es assigné non pas dans ton ancienne chambre, mais dans une section de l’hôpital réservée aux patients, y compris violents, dont la folie ne fait aucun doute, et que, pour ce placement dans cette aile de l’institution, tu es exclu du contact le plus normal et le plus absolument indispensable avec des gens normaux. Il est difficile de ne pas suspecter ceux qui t’ont relégué dans cet endroit particulier d’entretenir l’espoir de te rendre fou afin de te punir de ne pas l’être et de transformer leur mensonge en vérité : afin de se vanter plus tard : « Vous voyez, nous avions raison depuis toujours. »

Günther Anders : Hiroshima est partout

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