« Il faut que les secrets circulent mais pas aux heures de pointe »

Réarrangement complexe, nouvelle combinaison d’éléments connus, le secret est, comme un hiéroglyphe, essentiellement déchiffrable ; mais le mystère, chose simple, ne peut être éventé. Le mystère est un secret métempirique. L’énigme piquante qui exerce notre sagacité et agace notre curiosité, l’énigme excitante et heuristique ne veut pas qu’on la respecte, mais au contraire qu’on la profane ; le veto et la tentation de divulguer s’exaltent l’un par l’autre à l’envi : l’ambivalence suspecte des tabous entretient cette surenchère désordonnée. Par opposition au secret, le mystère, lui, n’est plus une « chose, « res », mais il est le for intime et l’impalpable saint des saints de notre destinée.

Vladimir Jankélévitch : Debussy et le mystère de l’instant

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