L’idéologie écologique prédominante nous traite comme
des coupables a priori, lourdement redevables à Mère Nature, et sur lesquels
vient peser de tout son poids la pression constante d’un Surmoi écologique
s’adressant à chacun de nous sur le ton : « Qu’as-tu fait aujourd’hui
pour acquitter ta dette à Mère Nature ? As-tu déposé tous tes journaux
dans la bonne poubelle de recyclage ? Et les cannettes de bière et de Coca,
où les as-tu déposées ? As-tu utilisé ta voiture pour un déplacement que
tu aurais pu faire en vélo ou en bus ? As-tu utilisé l’air conditionné
alors que tu aurais aussi bien pu ouvrir grand les fenêtres ? » Les
conséquences sur le plan idéologique d’une telle individualisation des enjeux
ne sont pas bien difficile à discerner : l’individu passe son temps à
scruter ses manières de faire au lieu de se confronter à des questions globales
bien plus pertinentes portant sur notre civilisation industrielle entière.
L’écologie se prête donc aisément aux mystifications idéologiques…
Slavoj Žižek : L’Amazonie brûle… et alors ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire