Ill. : Vassaalvoelend. Source : Leçons sur la Phénoménologie de
l’esprit de Hegel par Jean-François Marquet, éditions Ellipses,
collection L’Université philosophique, les cours de philosophie, dirigée par
Jean-Pierre Zarrader.
Il y a, dans La Légende des siècles de Victor
Hugo, tout un poème consacré au Cid où l’on voit le Cid s’adresser à son roi en
des termes qui ne sont pas particulièrement modestes : « Tu n’es
qu’un méchant en somme, mais je te sers, c’est la loi. » Il fait tout un
discours pour évoquer les méfaits du souverain, qui se termine par « Que
voulez-vous qu’on y fasse, puisque vous êtes le Roi. » Donc, en tant
qu’individu, vous êtes peut-être la pire crapule que l’on puisse imaginer,
mais, puisque vous êtes le Roi, je m’incline devant la fonction royale. Et Hugo
conclut ainsi : « Ainsi, le Cid qui harangue, sans peur ni rébellion,
lèche son maître, et sa langue est rude étant celle d’un lion. »
Châteaubriand, illustre contemporain de Victor Hugo, a
passé toute la dernière partie de sa vie à servir la monarchie, tout en
considérant que le roi Charles X était le dernier des imbéciles…
Donc, on a affaire ici, nous dit Hegel, à une relation encore ambiguë puisque, d’une part, on a un État qui est encore sans volonté propre ; ce qui est reconnu par le vassal, par le Cid, c’est uniquement l’État en tant qu’institution, et non pas l’État en tant qu’il serait réellement incarné, personnifié, dans cet individu unique qu’est le monarque et que, d’autre part, dans le cas du vassal, on a affaire à une volonté encore insuffisamment cultivée, à une volonté qui n’a pas encore complètement renoncé à soi, qui a son quant-à-soi, et ce quant-à-soi que garde la conscience noble, on peut dire évidemment qu’il finit toujours par être résorbé par la mort, le destin du vassal, du serviteur de l’État étant précisément de finir par mourir.
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