La contradiction
dans le stoïcisme est la suivante : comment est-il possible que, dans un
monde complètement déterminé, mais aussi dans un monde de la bonne ananké,
de l’ananké parfaite dont la nécessité est bonne pour tout, comment
est-il alors possible qu’on y enseigne un sage ayant la vertu de l’ataraxie,
donc de l’inébranlabilité, de l’indépendance du cours du monde ? Le sage
s’écarte du cours du monde, il n’accomplit pas ses désirs, il les oublie. Il
possède la peau dure d’une colonne dorique ; et ainsi, il se trouve
solitaire et debout dans un monde où il y a des Néron, comme le monde de
Sénèque. Il y a son droit et son bonheur et dans le cas le plus extrême, la
liberté souriante du suicide.
Si le monde est si
parfait, alors, le sage n’est pas nécessaire.
Ernst Bloch : Quatre conférences sur Spinoza
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