Le système clos se
manifeste chez Spinoza par l’apparition du monde baigné de lumière, comme s’il
était un cristal éclairé du dedans, un paysage où le soleil est éternellement
au zénith et où règne un midi éternel et où aucune chose ne produit une ombre.
Le monde apparaît comme une surface polie, semblable aux lentilles que Spinoza
polissait, telle est son image du monde. Chez Giordano Bruno, nous trouvons une
telle image de perfectibilité d’un onde si énorme que nous sommes tentés de
dire : ah, si le monde ressemblait à ça… Cette image du monde est dépassée
chez Spinoza, dans la mesure où, chez lui, il n’y a aucune ombre portée. S’il y
avait une ombre, ce serait à cause de notre myopie, de nos yeux troubles, de
nos représentations inadéquates. Dans le monde, il n’y a que de la lumière, une
lumière mathématiquement concevable.
Ernst Bloch : Quatre conférences sur Spinoza
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