Adam, représentant
l’homme total, complet et parfait, dans toute l’intégrité de son essence, était
évidemment un être androgyne. Ceci est clair, non seulement en vertu de
l’analyse du récit biblique, mais encore en soi. D’une part, en effet, il est
dit que Dieu forma Ève du corps et de la chair d’Adam : donc, dans le
corps et la chair d’Adam, il y avait déjà tout ce qui plus tard forma le corps
et l’âme de sa compagne terrestre ; s’il en était autrement, il eût fallu
évidemment procéder à une création nouvelle, ce qui n’est pas le cas. D’autre
part, étant donné que le premier homme a été formé parfait et seul, il est certain
qu’il contenait en lui les deux principes, mâle et femelle, les deux tincturae
dont la réunion est nécessaire pour la création de la vie. Il est tout à fait
évident que l’état actuel de l’humanité, c’est-à-dire la séparation des sexes,
n’est pas essentiel à l’homme en tant que tel. N’est-il point certain que les
élus du Paradis, de même qu’Adam, ne sont ni mâles ni femelles. Ce qui ne veut
pas dire qu’ils soient asexués comme le seraient des esprits purs. La sexualité
est, en effet, un élément caractéristique et essentiel de la vie
organique : ils sont donc androgynes, synthèses en un seul organisme des
deux principes vitaux, ce qui, à proprement parler, est une condition nécessaire
de la vie bienheureuse ainsi que de la victoire éternelle sur la mort.
Commentaires
Enregistrer un commentaire