Toutes ces jeunes filles, égarées au cœur des orages
passionnels qu’elles provoquent, usent et abusent d’un pouvoir érotique
illimité. Je dirais même qu’elles gaspillent avec la plus bouleversante
inconscience un capital que leurs sœurs du roman libertin n’acquerront jamais,
même à force d’application ou de talent. Elles sont et demeurent des tentations
à l’état pur. Insaisissables, obsédantes, désarmantes de fragilité, leurs
évanescentes silhouettes sillonnent comme un continuel défi la nuit de l’amour
humain. Et paradoxalement, cette innocence, qui ne veut rien être d’autre qu’elle-même, fait entrevoir à quel point l’exaltation et le désespoir entrent
dans la composition de l’atmosphère noire.
Annie le Brun : Les Châteaux de la subversion
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