Source : Judas, traître ou initié ? par Émile Gillabert, édition Dervy, collection Poche
Judas est parti seul la nuit… Il semble qu’au début sa
trace soit repérable dans les épîtres mêmes de Paul et dans un domaine qui
touche directement la gnose. L’Apôtre met en garde les Thessaloniciens contre
des doctrines erronées : « Ne vous laissez pas trop agiter l’esprit,
ni alarmer par des paroles prophétiques qui vous feraient penser que le jour du
Seigneur est déjà là. Que personne ne nous abuse en aucune manière. » (2
Th 2.3)
Mais à Timothée, il s’en prend notamment à ses
adversaires, lesquels pourraient bien faire partie du petit noyau gnostique
autour de Judas : « Quant aux discours creux et impies, évite-les.
Leurs auteurs feront toujours plus de progrès dans la voie de l’impiété, et
leur patrie étendra ses ravages comme la gangrène. Hyménée et Philète sont de
ceux-là ; ils sont écartés loin de la vérité, en prétendant que la
résurrection a eu lieu, renversant ainsi la foi de plusieurs." (2 Tm 2.16-18)
Pour le gnostique, la résurrection au sens de vie
éternelle, d’éveil, doit avoir lieu avant la mort du corps. L’Évangile de Jean
et l’Évangile selon Thomas mettent fortement l’accent, nous l’avons vu, sur les
vivants qui ne meurent pas. Judas est de ceux-là, ainsi que ceux qui, comme
lui, se nourrissent de la Parole. Car la vraie Cène, celle qui symbolise la vie
qui ne finit pas, Jésus l’institue en donnant la bouchée à Judas. L’autre est,
par rapport à celle-ci ce qu’est l’exotérisme par rapport à l’ésotérisme, dans
la mesure toutefois où le premier est le prolongement du second.
Les paroles authentiques du Maître n’ont pas été mieux perçues à l’époque où elles furent prononcées qu’elles ne le sont aujourd’hui. La résurrection en tant que réanimation du cadavre transpose sur le plan de l’imaginaire ce qui émane de l’Esprit. Le miracle donne une explication à des paroles qui dépassent l’entendement et les apparitions tiennent lieu de la vision telle que l’entendent Jésus et le disciple bien-aimé, celui qui, on l’a vu, ne cède pas aux hallucinations, ce qui se révèle le disciple parfait dont l’emprise sur Simon Pierre est manifeste, à tel point que celui-ci semble avoir besoin de lui pour être dans les bonnes grâces du Maître.
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