« À cela je ne puis que répondre que je suis vraiment né saturnien »

 

Comprendre la fonction théophanique est d’une importance capitale afin d’éviter les pièges de la dualité. L’incarnation, telle que la définissent les dogmes officiels, maintient la dualité : on ne peut être à la fois homme et Dieu et transcender la réalité. En revanche, lorsque la créature s’efface, ou mieux se rend transparente, ce n’est plus Dieu qui est regardé par la créature ; c’est Dieu même qui dans et par son regard à elle se regarde et se contemple lui-même. Dans la création, Dieu se manifeste comme pour détourner de lui et inviter à le chercher de l’extérieur. C’est ainsi qu’il se voile. Pour triompher de l’épreuve du voile, le chercheur doit parvenir à voir en celui qui n’est plus sous l’emprise du mental, le miroir où il peut lui-même se contempler dans sa Réalité ultime. S’il se laisse prendre au visible, autrement dit, si l’image devient objet d’investissement, alors il confond incarnation et théophanie.

Émile Gillabert

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