Tout est possible
dans une bibliothèque : l’étude, bien sûr, mais aussi l’amour, la folie,
le crime, la mort, comme on le voit si bien chez Edgar Poe. À celui qui s’en
étonnerait, faisons remarquer que le privilège de ce lieu est d’abriter les
trois formes les plus antiques de la libido. La libido sciendi est ici à
sa place, quitte à ce que le savant en devienne fou. Il nourrit la libido
dominandi : bien des savants ont rêvé de posséder le monde, avant le
Faust de Goethe, et après lui. Ce rêve de science et de pouvoir revit encore
chez Anatole France, dans le personnage du sieur d’Astarac de La Rôtisserie
de la reine Pédauque et chez ses pareils. Quant à la libido sentiendi,
elle apparaît comme la tentation de celui qui ne supporte plus d’être enfermé
dans son cabinet et qui, à l’instar de Faust, rêve à la beauté des femmes.
Point besoin d’attendre Freud pour découvrir cet appel des sens. À ceci près que
le jeune homme endormi devant nous à côté d’une jeune femme dénudée ne se
trouve pas dans une bibliothèque, mais dans un « poêle » bien
allemand, plus ou moins comparable à celui où Descartes a « inventé »
le cogito.
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