Chez nous, l’ascétisme a toujours été un phénomène
secondaire, dérivé. Je crois très significatif, décisif, même pour juger de la
« foi russe » en historien, le fait que le bogomilisme avec son
dualisme aigu, avec sa constante préoccupation pour le problème du mal, ne
contamina nullement notre conscience religieuse, malgré la proximité
géographique de cette hérésie, malgré des relations permanentes avec la
Bulgarie et l’influence considérable exercée sur nous par les Slaves
méridionaux. L’ascétisme russe relève non pas d’un reniement du monde, du
mépris de la chair, mais de tout autre chose : de cette claire vision de
la justice et de la beauté célestes dont l’éclat rend insurmontablement net le
mensonge régnant dans le monde et qui nous appelle à nous libérer de celui-ci.
À la base de cet ascétisme, il y a un élément positif et non pas négatif :
il est le moyen et la voie de la transfiguration. Le peuple appelle volontiers
sa foi : la Très Claire Orthodoxie.
Basile Zenkovsky
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