Effets de vérité

 

Source : Les Foudres de Nietzsche et l’aveuglement des disciples,  par Jacques Bouveresse, suivi d’une postface de Jean-Jacques Rosat, éditions Hors d’atteinte, collection Faits et idées.

« Je crois qu’aux yeux du public je suis celui qui a dit que le savoir se confondait avec le pouvoir, qu’il n’était qu’un mince masque jeté sur les structures de la domination et que celles-ci étaient toujours oppression, enfermement, etc. Sur le premier point, je répondrai par un éclat de rire. Si j’avais dit, ou voulu dire que le savoir c’était le pouvoir, je l’aurais dit et l’ayant dit, je n’aurais plus rien à dire puisque, les identifiant, je ne vois pas pourquoi je me serais acharné à en montrer les différents rapports. » (Michel Foucault)

Mais il est permis de penser, justement, que Foucault — qui a semblé généralement se préoccuper davantage du genre d’effet que ses affirmations étaient susceptibles de produire sur le public que de leur vérité et de la qualité de leurs arguments qu’il était en mesure de formuler en faveur de celles-ci — aurait peut-être dû s’inquiéter un peu plus tôt et plus sérieusement de la façon dont il était compris — ou peut-être ne l’était pas — par ses lecteurs et prendre un peu plus de précautions pour éviter les malentendus qu’elles pouvaient comporter.

Nietzsche avait tendance à considérer, pour sa part, qu’il faut se méfier des vérités qui, même si elles sont à première vue au plus haut point subversives, réunissent à se faire accepter immédiatement avec enthousiasme, car cela devrait constituer plutôt un argument contre elles et inciter à penser qu’elles ne sont probablement pas des vérités, mais plutôt des faussetés qui présentent l’avantage d’être particulièrement séduisanets, et donc bien plus faciles à croire.

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