Bande à Baader

 

Source : Vladimir Soloviev et son œuvre messianique par Dimitri Strémoukov, éditions de L’Âge d’Homme, collection Sophia.

La métaphysique de Soloviev nous a révélé que le mal est la conséquence d’une transmutation, d’un déplacement des mêmes éléments qui constituent le monde divin. Dans ce dernier, ils se sont harmonisés, tandis que dans le monde terrestre, chacun d’eux s’affirme dans son exclusivité. L’œuvre de la réintégration ne peut dont être que leur synthèse qui, déjà accomplie individuellement dans l’homme spirituel, le Christ, doit être réalisée par l’humanité entière. Dans l’homme, on trouve trois éléments dont l’un est plus que l’homme, le second moins que lui, et enfin, le troisième, lui est adéquat. La mission de l’homme sera donc de synthétiser les deux autres à l’aide de l’élément purement humain, et de rétablir en lui l’harmonie détruite par la suite.

Telle est la thèse fondamentale de la Critique des Principes abstraits de Soloviev. Pour la synthèse dont on vient de parler, il s’agit d’analyser la conscience humaine et d’établir les éléments qu’on y trouve, de montrer que ces éléments pris isolément sont insuffisants, et enfin, qu’ils se postulent mutuellement et réclament ainsi une synthèse. Tel est le but de la Critique qui, tout en dénonçant l’insuffisance des principes abstraits qui ne s’appuient que sur les éléments isolés de la conscience humaine et qui régissent encore l’humanité, indique la nécessité de leur synthèse. La méthode employée dans ce livre consiste à développer comme il convient les principes abstraits, afin qu’ils se réconcilient en prenant chacun sa place dans le principe supérieur et unitotal.

Alors, chacun de ces principes occupera sa place légitime et continuera ainsi à la synthèse définitive. La Sagesse de Dieu peut donc leur dire : « Allez tout droit par vos voies jusqu’à ce que vous voyiez devant vous un abîme ; alors, renoncez à votre dispute et rentrez tous enrichis par l’expérience et la conscience dans votre patrie commune, où chacun de vous a un autel et une couronne et où il y a assez de place pour tous, puisque dans la Maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures. »

Ainsi, la Critique est d’un côté une phénoménologie de la conscience humaine, qui en montre les éléments constitutifs, et d’un autre, une dialectique historique qui démontre la nécessité de leur synthèse. Rappelons-nous maintenant que, dans la logique Soloviev, a établi trois manières d’être (volonté, représentation, sentiment) dont la première est la volonté. Il s’agira avant tout d’étudier cette dernière, ce qui équivaut à éluder l’activité morale de l’homme.

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