Source : La Puissance et la Foi, essais de théologie politique, par Alain de Benoist, éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Dans plusieurs
textes rabbiniques, Rome est représentée par un sanglier, à partir de l’exégèse
allégorique d’un passage tiré des Psaumes (80, 14) « Pourquoi as-tu fait
une brèche dans ses clôtures pour qu’y vendangent les passants de la route,
pour que la ravage le sanglier de la forêt ? » La première apparition
de cette exégèse date du milieu du deuxième siècle, mais Le Livre d’Énoch,
qui pourrait avoir été rédigé à l’époque maccabéenne, présente déjà Ésaü comme
un sanglier, les sangliers représentant les Édomites. Du sanglier ou
« porc de la forêt », on est vite passé au porc tout court.
L’amora Rabbi
Isaac, au milieu du troisième siècle, considère hazir, le porc, comme un
autre nom d’Ésaü : commentant le verset de la Genèse « et on le nomma
Ésaü » (25, 25), il attribue à Yahvé cette remarque : « Tu as
donné un nom à ton porc. » Dans un autre passage du Midrach, le même Rabbi
Isaac oppose à nouveau Rome à Israël en s’indignant que « le porc soit
traité selon la loi et qu’une nation sainte soit traitée, non selon la loi,
mais avec barbarie. » Il faut encore noter qu’Édom, dans la littérature
ancienne, est fréquemment comparé au sanglier noir, par exemple dans Le Livre
des Jubilés, 37, 20-24
Le porc, dans le
Talmud, se voit ainsi directement associé à Ésaü, Midrash Rabba sur Bereshit
[Genèse] 63,8, et par extension à Rome, dont les habitants étaient de grands
consommateurs de porc et dont les légionnaires représentaient parfois des
sangliers sur leurs enseignes. Le mot hazir, « cochon », se retrouve
dans la littérature juive médiévale, comme substitut ou équivalent occasionnel
d’Édom. Rome est aussi couramment comparée à un porc ou à un sanglier.
Levitucus Rabba, 13) Dans le Midrach Rabba, un commentaire de Lv 13, 5 attribué
à R. Phineas et à R. Holkiah assimile Rome à un sanglier ou à un porc. Or, dans
la Torah, le cochon est décrit comme un animal abominable. Le prophète Isaïe
tonne contre quiconque « sacrifie dans les jardins, brûle de l’encens sur
des briques, passe la nuit dans les recoins, mange de la viande de porc et met
dans ses plats des morceaux impurs. » (65, 4) et il annonce que Yahvé
châtiera « ceux qui mangent de la viande de porc, les choses abominables
et du rat » (66, 17) L’interdiction de consommer du proc figure à
plusieurs reprises dans la Bible.
Ainsi, dans le
Deutéronome : « Tu ne mangeras rien de ce qui est abominable… Vous
pourrez manger de tout animal qui a le sabot fourchu, fendu en deux ongles et
qui rumine. Toutefois, parmi les ruminants et parmi les animaux à sabot fourchu
et fendu, vous ne pourrez manger ceux-ci : le chameau, le lièvre et le
daman, qui ruminent mais qui n’ont pas le sabot fourchu ; vous les
tiendrez pour impurs. Ni le porc, qui a bien le sabot fourchu et fendu mais qui
ne rumine pas, vous le tiendrez pour impur » (14, 3-8)
Cette interdiction
est répétée dans le Lévitique : « Vous ne tiendrez pour impur le porc
parce que, tout en ayant le sabot fourchu, fendu en deux ongles, il ne rumine
pas. » (11, 7) Acceptable en apparence, il a le sabot fourchu, mais impur
en réalité, il ne rumine pas, le cochon est le symbole de l’hypocrisie, que la
tradition juive attribue aux Romains.
Dans le Talmud, le porc est considéré comme une sorte de latrine ambulante, le terme latrine désignant souvent l’idolâtrie, le paganisme. Rappelons que, des trois péchés que la tradition juive interdit de commettre, même pour échapper à la mort, l’idolâtrie est toujours la première, avant les unions impures et le meurtre.
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