« Maldoror is ded ded ded »

 

Source : La Chute des esprits des ténèbres par Rudolf Steiner, éditions Triades, relecture en cours.

Beaucoup d’âmes qui se trouvent sur cette terre dans la hâte, l’affairement, et les efforts consacrés au domaine matériel, n’ont pas trouvé l’occasion d’éveiller leur conscience par des impulsions spirituelles. Beaucoup ont passé par le porche de la mort sans avoir seulement pressenti ce que sont les notions, les idées qui évoquent les impulsions spirituelles. Si sur cette terre, avant que ces âmes aient franchi le seuil de la mort, la possibilité avait existé pour elles d’accueillir un élément spirituel dans leurs représentations, dans leurs concepts, elles l’eussent emporté au-delà de la mort. C’eût été un apport dont elles avaient besoin après la mort, mais elles ne l’ont pas eu.

Celui qui connaît l’histoire de l’esprit, ce qu’on appelle l’histoire de l’esprit des dernières décennies du dix-neuvième siècle et des premières du vingtième siècle, sait que l’on ne pouvait même plus employer le mot esprit à bon escient : on l’a appliqué à toutes sortes de choses, mais non pas à ce qui est vraiment l’esprit. Les âmes n’ont eu aucune possibilité de connaître l’esprit ici-bas. Il leur faut avoir une compensation. Maintenant qu’elles ont pénétré dans le monde spirituel par le porche de la mort, elles ont soif, ces âmes qui ont vécu ici-bas dans le matérialisme. Et de quoi ont-elles soif ? De forces destructrices dans le monde physique ? Car c’est cela, la compensation.

Ces choses ne peuvent être esquivées à l’aide de notions commodes. Si l’on veut, dans ce domaine, apprendre à connaître les réalités, il faut cultiver en soi le sentiment de ce que l’on appelait dans les mystères égyptiens la nécessité d’airain. Si terrible que ce soit, il était très nécessaire que la destruction s’instaure, puisque les êtres qui avaient franchi le porche de la mort avaient soif de forces destructrices dans lesquelles elles pussent vivre, n’ayant pu ici-bas recevoir la compensation des impulsions spirituelles.

L’ordre ne remplacera pas le chaos avant que l’humanité se soit décidée à pénétrer son âme de vérités aussi graves, et à les rattacher aux idées politiques qui circulent dans le monde. Si ces vérités rendent un son pessimiste et que vous pensiez : comme l’humanité est loin encore de tout ce qui est exigé aujourd’hui ; vous avez raison. Mais votre pessimisme, justifié, qu’il soit suivi de l’incitation intérieure, de l’incitation lucide à tenter, partout où vous le pouvez, en tout lieux où vous vous trouverez, d’éveiller les âmes, de les guider dans la direction où la Science spirituelle peut envoyer ses impulsions.

Certes, on ne peut pas le faire beaucoup aujourd’hui ; il faut cependant s’efforcer honnêtement, sincèrement, d’une manière que l’un ou l’autre puisse comprendre, d’attirer l’attention sur ce fait concret : l’époque moderne a éveillé chez les défunts des besoins que vient satisfaire ce que nous, vivants, connaissons ici-bas et qui nous fait frissonner.

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