Source : La Chute des esprits des ténèbres par Rudolf Steiner, éditions Triades, relecture en cours.
Quelques-uns de nos
amis se rappelleront qu’au cours des trois dernières années, j’ai souvent
attiré leur attention sur le fait que si un jour, à l’avenir, on écrit
l’histoire de ce qu’on appelle la guerre — aucun critique actuellement ne l’a
fait, bien que ce soit très faisable —, on ne pourra pas employer la méthode
qui a abouti à ce conte, à cette légende — comment l’appeler ? — que l’on
désigne actuellement du nom d’histoire.
Cette histoire, des
érudits, ainsi les qualifie le monde, sont restés des mois, des années, des
décennies dans les bibliothèques à étudier des documents diplomatique pour
l’écrire. Il faudra que le temps vienne où la plus grande partie de l’histoire
confectionnée de cette façon sera bonne à mettre au rebut. On ne pourra pas
écrire l’histoire des dernières années selon cette méthode, à moins d’être
insensé. Car les choses qui ont conduit à ce chaos se révéleront non pas aux
hommes qui jusqu’à présent ont écrit l’histoire, mais à ceux qui ressentent
vivement ce que cela signifie lorsqu’un pauvre homme, traduit devant un
tribunal, jette à la face du monde, ces tristes paroles pour résumer la
situation : il est arrivé ceci puis cela, et à ce moment-là, j’ai perdu la
tête ; voilà les paroles qu’a prononcées lui-même Soukhomlinov, le pauvre
homme : « J’ai perdu la tête. »
Il n’est pas le
seul, d’autres encore ont perdu la tête à cette époque. Et que sont dans le
cours de l’histoire ces instants où des humains, de leur propre aveu, ont perdu
la tête ? Ce sont ces moments où Ahrimane, avec ses cohortes, trouve accès
à la race humaine et à ce qui se passe parmi les hommes. Lorsque l’être humain
veille sur sa conscience, que celle-ci n’est en aucune façon obnubilée ou
paralysée, ni Ahriman, ni Lucifer ne peuvent s’y attaquer. Mais lorsqu’elle
est paralysée, lorsque pour la qualifier, on a besoin d’employer cette
formule : j’ai perdu la tête, à ce moment, Ahrimane et ses cohortes
pénètrent sur le théâtre des événements du monde. Il se passe alors des choses
qui ne sont pas consignées dans les archives diplomatiques, dans lesquelles,
soit dit en passant, au cours des dernières années, on a inscrit vraiment peu
de choses raisonnables.
Mais même en dehors de ce qui s’est passé à notre époque et qui a engendré ce chaos, ce ne sont pas des actes humains seulement, ce sont avant tout des entités ahrimaniniennes qui par leurs actes cherchent à intervenir, en obnubilant les consciences. Je le sais, plus d’un est présent ici, qui, peu après que l’actuelle catastrophe se fût produite, a reçu de moi cette indication : lorsqu’on voudra parler des causes de la catastrophe, on ne pourra pas en référer à des documents ; devant ces événements, il faudra considérer les faits par lesquels il apparaît que des entités ahrimaniennes sont intervenues dans les événements humains.
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