« Quand l’apocalypse échoue, la gnose prend le relais »

 

Source : Apocalypses et cosmologie du salut par Pierre de Martin de Viviès, éditions du Cerf, collection Lectio Divina.

Les apocalypses n’invitent pas à la résignation, mais à la patience, en soulignant d’ailleurs le fait que cette patience sera très bientôt récompensée. Mais ce message n’a pas toujours été bien compris des lecteurs. Plus on indique que les temps sont proches, plus il peut être tentant d’anticiper cet avènement. Les groupes se réclamant de courants apocalyptiques ont généralement laissé des traces particulièrement violentes dans l’histoire. Plusieurs types d’actions inadéquates peuvent ainsi être suscités par la littérature apocalyptique.

Le type le plus simple, illustré par la seconde révolte juive, consiste à considérer que le temps de la fin est déjà arrivé, et à anticiper ainsi le combat final en déclenchant la lutte ouverte contre l’oppresseur, persuadé de pouvoir dès maintenant compter sur l’assistance des forces d’en haut.

Il est aussi possible que le groupe ou le lecteur de l’ouvrage se considère comme devant être lui-même le vecteur du jugement divin et entreprenne quelque action d’extermination des impies, selon son jugement personnel. Un exemple de ce comportement a été donné par la secte japonaise Aum dont le gourou avait planifié une contamination des tunnels du métro de Tokyo avec un gaz neurotoxique.

Il est également possible que cette violence ne s’exerce pas à l’encontre des impies mais des membres mêmes du groupe, dans une forme de suicide, qui anticipe le départ eschatologique vers le royaume de Dieu. La tristement célèbre affaire des suicides collectifs du Temple solaire en est l’illustration.

Tous ces comportements, suscités par l’apocalyptique, ne peuvent qu’être des impasses, car cette littérature n’a pas pour but d’inspirer un agir, mais de fortifier dans une attente. Dans la mesure où le plan de Dieu s’accomplit sur un rythme déterminé, il n’est pas possible aux hommes d’en accélérer le déroulement.

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