Panspremie

Source : Le Royaume de l’au-delà par Thomas A. Edison, précédé de Machines radiophoniques par Philippe Baudouin, éditions Jérôme Millon, collection Golgotha, relecture en cours.

Dans sa Monadologie, Leibniz définit les monades comme « des atomes de nature », indestructible, indivisibles et créés par Dieu. « Sans portes, ni fenêtres », chaque monade, en tant qu’unité métaphysique, est comme un monde en soi. Plus encore, le concept « d’unité de vie » que forge Edison pour défendre sa conception métaphysique résonne avec la théorie des « atomes intelligents » qu’il avait déjà développée en 1890.

« Je crois que tout atome de matière est intelligent et tire son énergie d’un germe primordial. L’intelligence de l’homme est, selon moi, la somme totale des intelligences d’atomes dont il est composé. Chaque atome a un pouvoir particulier de sélection, et cherche incessamment à s’harmoniser avec les autres atomes. Je ne crois pas que la matière soit inerte et n’agisse que poussée par une force extérieure […] Le corps humain est maintenu dans son intégrité par l’intelligence persistante des atomes. Quand l’harmonie est détruite, l’homme meurt. Pourquoi un atome va-t-il se combiner avec l’un plutôt qu’avec l’autre ? Parce que l’atome est intelligent et exerce sa volonté dans sa petite sphère. Cette intelligence tire son origine d’un pouvoir inconnu plus grand que nous. L’existence d’un tel Dieu peut, selon moi, être prouvée même par la chimie. »

Edison se risque même à soutenir l’hypothèse extraterrestre quant à l’origine de ces petites unités. Retraçant brièvement leur genèse, il explique que celle-ci auraient colonisé notre planète, il y a de cela plusieurs milliards d’années.

« Après le refroidissement du globe, c’est-à-dire après la déperdition de l’immense chaleur due à sa formation, des unités de vie s’y sont fixées, après un voyage à travers l’espace, dans lequel elles ont été éjectées par une ou plusieurs planètes plus développées que la nôtres. En atteignant la terre, notre terre, elles se sont adaptées au milieu qu’elles y ont trouvé ; ensuite, a commencé l’évolution des espèces diverses qui existent aujourd’hui.

« Le développement de ses unités de vie pourrait alors se caractériser ainsi : en s’agrégeant sous la forme d’essaims, ces groupes d’unité de vie constitueraient un type d’être vivant, de telle sorte que chaque agrégation de ces millions de petites particules composerait un être vivant unique. Lorsque cet être mourrait, les unités de vie se disperseraient alors à travers l’éther à une vitesse extrêmement rapide, proche de celle de la lumière, pour éventuellement former un nouvel essaim. Raison pour laquelle le corps d’une personne ne serait, selon Edison, rien d’autre que le regroupement de plusieurs millions « d’unités de vie »

« De nombreux faits indiquent nettement que nous autres hommes agissons comme les membres d’une communauté ou d’un ensemble plutôt que comme des unités indépendantes. C’est pourquoi je crois que chacun d’entre nous se compose de millions et de millions d’entités, et que notre corps et notre esprit représentent l’expression de la volonté, ou la voix, pour employer un autre terme, de nos entités. »

La théorie des « essaims » que soutient ici Thomas Edison n’est pas, chez lui, un concept nouveau. Interrogé au sujet de rumeurs d’apparitions du fantôme de William James, il avait déjà soutenu cette idée à l’occasion d’un entretien donné en octobre 1910 au New York Times, et dont le titre résumait à lui seul la singularité de sa position : « L’âme n’est pas immortelle. En réalité, Edison ne croit pas que l’âme existe ; l’être humain serait seulement un agrégat de cellules et le cerveau seulement une machine merveilleuse, selon le magicien de l’électricité. » Le matérialisme scientifique ne doit pas être entendu comme un obstacle, mais bien plutôt comme un moyen d’accès au royaume des esprits. 

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